Au cours des presque quinze jours de compétition de boxe à Paris 2024, il y a eu autant d’agressions verbales échangées entre le Comité international olympique (CIO) et l’Association internationale de boxe (IBA) que de coups portés entre les concurrents.
Les tensions entre les deux entités étaient attendues avant même le début du tournoi. En juin 2023, le CIO a voté à l’unanimité (69 voix contre 1 et dix abstentions) pour retirer l’IBA de son rôle d’instance dirigeante de la boxe olympique, une décision qui a ensuite été confirmée par la justice.
« Nous accordons une grande importance à la boxe. Nous avons un problème extrêmement grave avec l’IBA en raison de sa gouvernance », a déclaré le président du CIO, Thomas Bach, aux membres lors d’une réunion en ligne via l’Associated Press.
« Les boxeurs méritent pleinement d’être gouvernés par une fédération internationale avec intégrité et transparence. »
Qu’est-ce qui a provoqué la rupture de cette relation ? Pourquoi le CIO remet-il en question « l’intégrité et la transparence » d’une organisation qui a gouverné la boxe olympique pendant des années ? Et quel est le rôle actuel de l’IBA dans la boxe amateur ?
The Moment Of Game se penche en profondeur sur les origines de l’IBA et sa position actuelle dans le sport.
Qu’est-ce que l’Association Internationale de Boxe (IBA) ?
Les racines de l’IBA remontent à 1946, lorsque la Fédération Internationale de Boxe Amateur (FIBA) a été dissoute au profit de l’AIBA (Association Internationale de Boxe Amateur (AIBA)), un concurrent naissant.
Depuis plus de six décennies, l’AIBA contrôle les compétitions olympiques de boxe. En 2007, dans le cadre d’une réforme, le nom de l’entreprise a été changé en Association internationale de boxe.
L’IBA gère actuellement les Championnats du monde de boxe IBA et les Championnats du monde de boxe junior et jeunesse. Elle ne gère plus la boxe aux Jeux olympiques.
Quelle controverse et quel scandale ont conduit l’IBA et le CIO à se séparer ?
En 2020, le champion du monde russe Umar Kremlev a été élu président de l’IBA. Les opérations ont été transférées de la Suisse vers la Russie, le géant énergétique Gazprom devenant le seul sponsor de l’organisation.
Lorsque l’on a appris que les dettes de l’IBA, qui s’élevaient à plus de 20 millions de dollars, avaient été soudainement effacées, le CIO s’est fermement opposé à l’association de Gazprom. Il a également été largement rapporté que Kremlev avait des liens avec Vladimir Poutine, ce qui est corroboré par le fait que l’Ukraine a été suspendue par l’IBA après l’invasion russe en 2022.
Ces événements médiatisés ont conduit à la rupture complète des relations entre l’IBA et le CIO. Ce dernier a déjà pris le contrôle de la compétition de boxe à Tokyo 2020 et a officiellement retiré l’IBA de la gouvernance à l’été 2023.
Le CIO a également régi la boxe à Paris 2024, mais souhaiterait qu’une nouvelle organisation indépendante intervienne pour Los Angeles 2028.
Quel est l’avis de l’IBA sur Imane Khelif et Lin Wu-Ting ?
Bien qu’ils aient atteint la finale des Championnats du monde organisés par l’IBA en mars 2023, Khelif et Lin ont été disqualifiés avant leurs combats respectifs pour des « raisons médicales ».
Dans les semaines qui ont suivi, il est apparu que l’Algérien Khelif et le Taïwanais Lin avaient été exclus de la compétition en raison de tests d’identité sexuelle échoués.
Kremlev affirme que ces résultats prouvent que Khelif et Lin portent des chromosomes mâles, ce qui donne aux athlètes un avantage injuste dans la compétition féminine.
Toutefois, les détails des procédures de test et les détails des résultats n’ont jamais été publiés, l’IBA déclarant que les résultats sont confidentiels.
Le CIO ne reconnaît pas les tests antidopage indépendants. Il accepte en revanche les informations sur l’identité sexuelle fournies par les comités nationaux olympiques concernés et les informations sur le sexe figurant sur les passeports.
Il a été largement rapporté que Khelif et Lin étaient toutes deux nées de sexe féminin. On a également émis l’hypothèse que ces femmes souffraient d’une maladie connue sous le nom de DSD (différences de développement sexuel).
Lundi, l’IBA a tenu une conférence de presse à Paris pour expliquer sa position, mais a profité de ce moment pour ternir le prestige du CIO. L’événement a tourné à la farce.